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Vive les hérissons et l'écriture!
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12 janvier 2009

Jeu des titres : Bienvenue chez les fous

Bonjour à tous!

Je sais que j'ai mis du temps à participer de nouveau au Jeu des titres, mais disons que le mois de décembre a été bien rempli... comme tout le monde j'imagine!

J'ai toujours l'intention d'y participer fidèlement... mais peut-être toujours avec mon petit retard dont je n'arrive pas à me débarrasser!

Voici donc ma participation pour le titre précédent. Pour l'autre d'avant ("Votre pseudo suivi de zoo"), je cherche encore et si jamais l'inspiration me vient pour ce titre, j'y participerai avec plaisir.

En attendant, voici :

BIENVENUE CHEZ LES FOUS

Je suis dans un perpétuel néant, une brume grisâtre qui enveloppe et déforme tout ce qui m’entoure.

Je ne sais plus ça fait combien de temps que je suis ici, j’ai perdue la notion du temps depuis longtemps déjà.

Je ne me rappelle plus de grand chose. J’ai l’impression qu’on me donne des médicaments bien souvent, qu’on me drogue peut-être? J’ai l’esprit embrouillé, je ne veux que dormir et qu’on me laisse tranquille. J’ai dû mal à réfléchir, mes idées se mêlent et quand je pense à quelque chose, quand quelque chose semble me revenir, la brume revient me happer soudainement.

Je suis entourée de gens, mais quand la brume est dans ma tête, je ne sais plus trop s’ils sont vraiment là. Certains sont vêtu de blanc, d’autres semblent me regarder avec un grand sourire un peu niais, comme des enfants, mais ces gens me font peur. J’aimerais qu’ils partent et que je puisse m’en aller!

M’en aller où? Je ne sais pas, loin d’ici et tout oublier... mais qu’est-ce qui est loin, qu’est-ce qui est près? Je ne me rappelle de rien, peut-être ai-je souhaité être ici et que j’ai déjà oublié le « avant ». Et si ça recommençait? Si je sortais d’ici et que j’oubliais tout de nouveau, est-ce que ça pourrait être pire que maintenant?

Pourquoi je suis ici? Personne ne veut me répondre! Je pose des questions, je vois des sourires un peu condescendants et ensuite, toujours la même histoire, j’oublie ce qui vient après... et ça recommence.

Je ne comprends pas ce que les gens me disent. J’entends des voix, des sifflements dans ma tête, mais le brouillard omniprésent de mon esprit gobe tout et m’empêche de comprendre.

Je veux savoir pourquoi je suis ici! Et je veux savoir qui je suis!

Je ne me rappelle de rien, ni avant, ni après, j’oublie les jours au fur et à mesure qu’ils se succèdent, je ne me rappelle pas de ma vie avant... je ne sais même pas s’il y a eu déjà un avant.

Quelqu’un pourrait m’aider?

Je ne fais rien, rien ne me tente. On vient me porter à manger, mais je n’ai pas faim. On me force à manger. Puis j’oublie tout de nouveau.

Suis-je malade? Est-ce un hôpital? Une prison? Je ne sais pas... je ne sais plus.

Et qu’est-ce que ce brouillard qui m’enveloppe tout le temps? Est-ce ma vision qui me joue des tours, est-ce qu’il y a vraiment un brouillard ou bien est-ce seulement dans ma tête? Ça non plus, je n’en suis plus certaine!

J’ai l’impression d’être continuellement dans un rêve... ou plutôt un cauchemar. J’essaie de me réveiller et quand je crois me souvenir, je retourne dans ce pays des songes qui est devenue ma réalité. D’ailleurs, qu’est-ce que la réalité? Qu’y a-t-il de vrai dans ce qui m’entoure?

Ces gens en blouse blanche, est-ce que je les imagine aussi? Peut-être est-ce que je suis seule en fin de compte? Mais alors, comment trouverai-je les réponses?

J’ai beau hurler, j’ai beau questionner, j’ai beau pleurer, j’ai beau griffer, rien ne se passe. En fait, oui, toujours cette même brume qui revient envahir mon esprit à chaque fois.

Il me semble parfois apercevoir des formes, des couleurs. Quand j’ai l’impression de me réveillée et que je veux les regarder plus, elles disparaissent subitement et me revoilà dans ce monde teinté de gris uniformément.

Depuis combien de temps? Sommes-nous le jour ou la nuit? Quelle est la date, quelle est l’année?

Suis-je normale? Est-ce que tous les autres vivent la même chose? D’ailleurs, est-ce qu’il y a vraiment des autres?

Est-ce que c’est ça l’être humain? Au fait, suis-je certaine d’être un être humain, je ne suis peut-être que l’esprit de quelque chose?

Est-ce que cela aura une fin? Mais s’il pouvait y avoir une fin, cela voudrait dire qu’il y aurait eu un début et si je ne me rappelle pas du début, il n’y aura peut-être donc pas de fin?

J’ai parfois de vagues souvenirs... Des enfants, un homme avec une toge noire, des gens me regardent et semblent me pointer, des gens pleurent... Mais j’ai dû imaginer tout ça aussi...

***

L’infirmière passa et regarda par la vitre. La patiente #278 avait encore été mise en cellule d’isolement à cause de son comportement trop perturbateur et dérangeant. Cela en était devenue une habitude...

Elle avait hâte que la semaine finisse et d’aller se reposer durant la fin de semaine chez-elle, ces derniers jours ayant été passablement occupés.

C’est vrai que l’arrivée de la patiente #278 au début de la semaine n’avait pas été de tout repos. Elle devait aller en prison au départ, mais un examen psychiatrique avait conclu que son état mental ne le permettait pas et elle s’était donc retrouvée à l’asile.

Elle hurlait souvent et frappait les gens, ce qui obligeait les médecins à augmenter sans cesse sa médication. Et même avec les médicaments, elle se retrouvait souvent dans la cellule d’isolement, une petite cellule dans les teintes de gris, coussinée du plafond au plancher pour empêcher les patients de se faire mal.. En fait, en une semaine d’internat, elle avait pratiquement battu tous les records précédents.

L’infirmière, qui en avait pourtant vu d’autre, ne pouvait que la prendre en pitié. Heureusement pour elle, la patiente semblait avoir tout oublié, comme si son esprit avait fermé une porte au moment du drame.

Mais la question demeurera toujours : était-elle consciente de ce qu’elle faisait au moment de tuer ses 3 enfants ou bien était-elle déjà folle avant?

Peu importe, en autant que la semaine finisse et que l’infirmière soit en congé pour deux jours, le restant n’avait pas d’importance...

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Commentaires
Z
que ceux dont les cellules grises sont les plus dangereuses sont si souvent près de nous.<br /> <br /> Ceci dit, la maladie mentale, sous toutes ses formes, est un sujet d'une grande tristesse mais qu'il faut avoir le courage d'aborder. Comme n'importe quel autre problème de santé.<br /> <br /> Le jour où on le fera mieux, où on y sera sensible au lieu de se cacher la tête dans le sable, certains drames pourront être évités. Je crois.<br /> <br /> Ze:D
M
Jusqu'ici, c'est mon histoire préféré :)
C
Je suis dans la tête de l’autre et dans ma propre tête aussi, touchée, émue, bouleversée.<br /> L’histoire est troublante, la ligne est si mince entre la fiction et la réalité.<br /> Tu sais, peu m’importe le moment oû tu publies tes textes, la curiosité et le plaisir de lire tes histoires toujours si bien ficelées l’emporte haut la main
L
Quelle histoire. Te serais-tu inspiré de l'actualité des derniers jours pour la fin? J'avais l'impression d'être cette personne tellement tu avais su recréer le néant. Et pour l'infirmière à la fin, c'est probablement ce qui arrive le plus souvent... une chance ou pas? Y'a de quoi devenir fou!
Vive les hérissons et l'écriture!
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