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Vive les hérissons et l'écriture!
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1 décembre 2008

Jeu des titres : La corneille et le maringouin

Et me revoilà avec ma bonne vieille habitude de participer au jeu des titres avec un peu de retard... Mes bonnes résolutions n'auront pas duré bien longtemps en fin de compte!

Mais à voir le faible taux de participation pour ce titre, cela me console et je me dis que vaut mieux tard que jamais!

En passant, si vous ne savez pas de quoi il s'agit, allez voir sur le site http://lejeudestitres.canalblog.com/ .

Le titre de cette fois-ci : La corneille et le maringouin. Je ne sais pas pour vous autres, mais moi, cela m'a quelque peu coupé l'inspiration sur le coup... surtout à ce temps-ci en regardant par la fenêtre et en voyant la neige tomber!

Voici donc mon texte, qui n'est ni un conte pour enfants ni une Fable de la Fontaine.

LA CORNEILLE ET LE MARINGOUIN

Par une belle journée d’été, le maringouin volait, la tête basse, déprimé, ressassant de sombres pensées, zigzaguant entre les branches d’un arbre sans trop y penser, à la recherche d’une autre proie à piquer afin de lui retirer un peu de son sang. La journée avait déjà été bien rentable, encore quelques pics et il pourrait s’en retourner chez-lui.

Chez-lui, seul, à ne rien faire, avec personne à qui parler... Il était maintenant seul car le restant de son essaim avait été cruellement mutilé et massacré durant la saison et il était le dernier survivant de sa famille.

Il repensait sans cesse à tous les membres de son clan, à sa famille, à ses amis, à sa bien-aimé... qui avait tous disparu au cours des derniers jours et n'arrivait pas à se sortir de cette torpeur et ce désespoir sans fond.

Son père, après avoir piqué un jeune humain, avait été écrabouillé par la main de celui-ci devant ses yeux. Au moins, il était mort sur le coup, contrairement à plusieurs autres.

Sa mère s’était engluée dans une toile d’araignée et avait été dévorée vivante avant qu’on ait pu la sauver.

Sa soeur, tant qu’à elle, était restée collée sur la résine d’un arbre  et n’avait pu se décoller avant de mourir de faim et de se dessécher sur place. On pensait même que c'était peut-être un suicide après avoir appris la mort de ses deux parents.

Son oncle faisait un excès de vitesse en volant et n’avait pas vu le pare-brise lui foncer dessus avant qu’il ne soit trop tard.

Sa cousine avait été avalée tout rond par un moineau qui passait dans le coin et son ami était mort en tentant de la sauver... il l'avait finalement rejointe dans le fond de l'estomac de l'oiseau.

Sa grand-mère s’était noyée dans une mare d’eau stagnante, alors que son voisin, en tentant de la sauver, s'était fait happé par la langue d'une grenouille...

Et c'était bien sûr sans oublier sa dulcinée, qui périt sous la patte d'une corneille dans d'affreuses souffrances. 

Et la liste des histoires d’horreur s’allongeait encore longtemps.

Il ne pouvait se résigner à cette fatalité qui avait décimé sa famille si rapidement, alors que les autres clans allaient joyeusement se ravitailler et gambadaient gaiement durant la belle saison, ennuyant avec plaisir les humains et les autres espèces animales.

Décidément, la vie avait été cruelle avec son essaim cette année. Maintenant qu’il était seul, il se devait de pondre le plus d’oeufs possible pour tenter de rebâtir de nouvelles fondations et recréer une nouvelle famille.

Mais à chaque instant, il sentait le danger dans son dos. Si une malédiction s’était abattue sur sa lignée, il ne voyait pas pourquoi lui, il échapperait au destin!

Toujours à ses idées noires, il vit une corneille en train de déguster un ver de terre pas très loin de lui. Une rage folle l’envahit alors, car c’était une corneille dans ce genre qui avait piétiné sa bien-aimée, l’écrabouillant et lui broyant des membres sans la tuer sur le coup. Il s'était alors ensuivit une longue agonie et il était arriver trop tard pour lui apporter un dernier réconfort.

Il décida que cette corneille serait sa dernière victime de la journée, espérant ainsi venger quelque peu sa belle.

Mais malheur à lui, la corneille sentit sa présence avant qu'il n'atteigne son but et décida qu’un maringouin serait un bon dessert pour le dîner. Le chasseur devint alors la proie, notre pauvre maringouin volant à une vitesse effarante pour sauver sa peau, alors que la corneille battait paresseusement des ailes derrière lui sans se soucier de l’issue de la course.

Heureusement, le maringouin réussit à se cacher sous une feuille et passa inaperçu aux yeux du volatile qui continua tout simplement son chemin.

Le maringouin, haletant et tremblant, avait perdu la moitié du sang accumulé durant cette course contre la mort. Il se sentait faible et avait le tournis, décidément, cette surcharge d’émotions ne lui avait fait aucun bien. Il s'endormit à cet endroit même, oubliant même d'aller porter le peu de la réserve de sang qui lui restait.

Le lendemain, il se trouva encore plus mal en point, fiévreux et grelottant par intermittence, et il se dit qu’il avait probablement attrapé un bon rhume avec l'humidité et la fraîcheur de la soirée. Ses doutes se confirmèrent, alors que ses symptômes empirèrent encore le lendemain.

Alors qu’il se sentait à l’article de la mort, il rit de cette ironie : lui, le seul survivant, évitant de peu la mort tout l’été, poursuivi par une horrible corneille, le seul espoir de poursuivre sa lignée, allait finalement succomber des effets indésirables d’un vilain rhume.

Puis, dans un dernier sursaut d’énergie, s’envola avec une idée bien précise dans la tête. Après un petit moment de planage entrecoupé de battements d’ailes de plus en plus faibles, il trouva celle qu’il cherchait : une corneille. Au diable qu’elle le voit ou non cette fois-ci, tout ce qu’il voulait, c’était la piquer, ce qu’il réussit de peine et de misère, avant de se faire engloutir comme apéritif du matin.

En se faisant avaler, il eut une dernière pensée pour sa bien-aimée avant d’être submergé par la noirceur éternelle. Il avait au moins réussi à la venger : en effet, cette corneille succomberait d’ici un jour ou deux à ce terrible fléau, à cette épidémie qui faisait des ravages... le Virus du Nil.

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Commentaires
L
Ohhhh! Tu parles! Je suis sans mot par une histoire si touchante! Une histoire typique des grandes familles, des grands films hollywoodiens! Et la fin, vraiment innatendue! bravo!<br /> Bzzzziiit!
J
Pauvre ti-chou!!!! Mais porteur de virus come il l'était, je préfère que sa victime eut été la corneille plutôt qu'un humain...
C
Plutôt sympatique ce maringouin orphelin. Je me suis surprise à souhaiter qu'il survive.<br /> Mais bon, s'il transportait secrètement ce méchant virus, c'est bien fait pour lui.
Vive les hérissons et l'écriture!
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