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Vive les hérissons et l'écriture!
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13 octobre 2008

Le jeu des titres : la boîte était fermée

Bonjour à tous! Avec une semaine de retard (toujours fidèle à moi-même), voici ma participation au jeu des titres, dont le titre proposé était La boîte était fermée. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, vous pouvez aller consulter le site http://lejeudestitres.canalblog.com/ .

LA BOÎTE ÉTAIT FERMÉE

Aussi loin que je me rappelle, cette petite boîte avait toujours appartenu à mon mari. Dès que nous avions commencé à habiter ensemble, il m’avait bien mise en garde contre cette petite boîte, qui devrait toujours restée fermée.

Au fil des ans, je lui ai posé de nombreuses questions à ce sujet, tentant par tous les moyens d’en savoir plus sur le contenu de cette boîte. Il me répondait toujours avec un petit sourire en coin, me disant que c’était ses souvenirs les plus importants et que chacun avait le droit à ses secrets.

Il ajoutait souvent que c’était une marque de confiance absolue. Il aurait pu cacher la boîte, ne jamais m’en parler; mais non, il avait décidé de la laisser bien en vue et de me faire confiance en me demandant de ne jamais l’ouvrir.

Aimant passionnément et tendrement mon mari, j’avais décidé de respecter sa volonté, même si la curiosité de savoir ce qu’il y avait à l’intérieur me démangeait bien souvent, en particulier lorsque j’époussetais le dessus de l’armoire où elle était posée.

J’avais déjà essayé de la secouer doucement, mais je n’entendais aucun bruit, comme si le tout avait été enveloppé d’ouate. Et à chaque fois que je l’avais eu entre les mains, j’étais si anxieuse à l’idée de voir mon mari entrer dans la chambre à ce moment que je la remettais bien rapidement, les mains tremblantes, à sa place, me promettant à chaque fois de ne plus y toucher.

J’imaginais pleins de scénarios sur ce que ça pouvait être. Était-ce des photos de son enfance ou des mots d’amour de ses anciennes flammes? Était-ce des bricolages de sa jeunesse, heureux de les avoir gardés mais honteux de les montrer? Était-ce les restants d’une vieille collection d’objets divers? Était-ce son journal intime racontant ses fantasmes les plus débridés? Décidément, les idées ne manquaient pas.

J’étais revenue souvent sur le sujet, mais je ne réussissais jamais à obtenir le moindre indice et cela finissait toujours par sa phrase classique « tout le monde a droit à ses petits secrets ».

Je n’y pensais pas tout le temps et la vie allait son chemin. Nous nous aimions tendrement et nous avions des centaines de projets pour l’avenir. La boîte était bien souvent le cadet de mes soucis et je n’y pensais pratiquement pas la plupart du temps.

Une fois, alors que mon mari était parti toute la fin de semaine à la pêche avec sa gang d’amis, l’envie de savoir enfin, après toutes ses années, fut plus forte que tout. À ce moment, j’aurais tout donné et une sale petite voix me disait que c’était le moment où jamais.

Je suis entrée dans la chambre et j’ai pris la boîte dans mes mains. Même si je savais que je n’aurais pas dû faire ça, même si la voix de ma conscience me hurlait de ne pas aller plus loin, la curiosité si longtemps retenue, fut la plus forte. Fébrilement, je me mis à fouiller partout afin de trouver la clé qui me permettrait enfin de savoir.

Je ne m’étais jamais posé la question à savoir où il rangeait la clé pour déverrouiller la boîte. En fait, je n’avais même jamais réalisé que cela prenait une clé pour l’ouvrir. Je me dis que la clé ne serait certainement pas très difficile à trouver et même si je me sentais honteuse de mon comportement, je me mis à sa recherche.

J’ai fouillé dans les tiroirs de mon mari, dans ses objets, dans son placard, mais à mon grand désespoir, je ne trouvais pas la clé nulle part. Après plusieurs heures de recherches infructueuses, je me décidai enfin à abandonner la partie. J’étais déçue, j’étais si près du but, mais d’un autre côté, un immense soulagement m’envahit. Je continuerais à avoir la conscience tranquille et comme il m’était impossible de l’ouvrir, cette boîte cesserait peut-être de hanter mes esprits comme elle le faisait depuis si longtemps.

Alors que je me faisais à l’idée et que j’étais sur le point de la remettre à sa place, je sentis une petite démarcation sous la boîte, la virant à l’envers doucement, je découvris la fameuse clé, collée tout simplement en-dessous. Elle avait probablement toujours dû être là et je n’y avais juste jamais porté attention.

Mon coeur recommença à s’emballer. C’était le moment ou jamais. Je tremblais alors que la lutte avec ma conscience reprenait de plus belle. Je savais qu’en ayant découvert la clé, plus jamais je n’aurais l’esprit tranquille, j’y penserais à tous les moments... c’était maintenant... mais d’un autre côté, comment me sentirais-je après ça?

N’y tenant plus, je pris la clé doucement, sans plus réfléchir avant que ma volonté ne faillisse, je la mis dans la serrure et tournai. La boîte s’ouvrit avec un petit déclic.

Retenant mon souffle, je pus enfin regarder à l’intérieur. Sur le coup, je vis des articles de journaux, quelques photos et une petite déception se pointa. J’avais tellement espéré plus ou quelque chose de plus extraordinaire.

Assise sur le bord du lit, la boîte dans les mains, j’ai commencé à fouiller et à lire plus attentivement et au fur et à mesure que je lisais, un sombre pressentiment commençait à m’envahir.

Il était question d’un jeune homme dans la vingtaine et de sa copine. Il y avait des photos du couple en question. L’homme m’était vaguement familier... quand tout à coup, je me rendis compte que mon mari devait probablement ressembler à ça dans sa jeunesse.

Puis un article de journal était intitulé « Un jeune homme ivre tue sa fiancée en faisant une course de voiture avec un copain ». Plusieurs autres articles abondaient dans le même sens.

Avec les différentes photos, je commençais à comprendre que le jeune homme en question était bel et bien mon mari, même s’il ne portait pas le même nom, et une vague de tristesse m’envahit. Cela avait dû être terrible et j’avais une peine sincère pour lui.

J’aurais pu arrêter là, mais au point où j’en étais, j’ai malheureusement continué à lire les articles de journaux. L’autre voiture qui avait fait la course s’était sauvée après l’accident, car le conducteur était ivre également et ne voulait pas se faire arrêter.

Il y avait ensuite d’autres articles qui faisaient allusion aux funérailles de la jeune femme, à sa famille qui ne pardonnait pas à son fiancé, alors que lui disait que c’était son copain qui l’avait forcé à faire la course, etc.

Et, à la toute fin de la boîte, quelques derniers articles, dont un qui me donna froid dans le dos. « Le jeune homme, auteur de la course mortelle, se rend par effraction chez l’autre automobiliste qui coursait avec lui et l’abat avec sa femme et leur jeune enfant en plein milieu de la nuit. ».

Je n’arrivais pas à le croire, ce n’était pas possible! Pas mon tendre et amoureux mari, un meurtrier? Il devait y avoir erreur, non?

Le dernier article faisait mention de la peine de deux ans d’emprisonnement qu’il avait dû faire et qu’à sa sortie de prison, le jeune homme avait demandé de changer d’identité et avait déménagé dans une autre province, afin de recommencer une nouvelle vie.

J’étais complètement atterrée. Mon mari, un ancien meurtrier! Je n’arrivais toujours pas à y croire. J’étais sous le choc et tremblante de tout mon corps, je remis tous les papiers pêle-mêle dans la boîte et sortit de la chambre en vitesse.

Pleurant, je n’arrivais pas à faire face à cette terrible réalité.

Mais le pire, c’est que j’avais beaucoup de mal à imaginer le retour de mon mari, comment ferais-je pour le regarder de nouveau sans détourner les yeux? Comment pourrais-je faire semblant de n’être au courant de rien? Comment pourrais-je continuer à rester avec lui et même envisager avoir des enfants plus tard avec ce même homme?

La décision fut difficile à prendre, mais je ne trouvais pas d’autres solutions. Dès le lendemain, j’ai fait tous mes bagages et je lui ai laissé une note, comme quoi entre nous c’était fini. Je suis partie avant son retour, et plus jamais je ne l’ai revu.

Je me dis, encore aujourd’hui, que ce qu’on ne sait pas ne peut pas nous faire de mal et que si j’avais écouté la voix de ma conscience, la boîte serait restée fermée et je serais encore avec lui, heureuse et pleine de vie.

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Commentaires
J
Magique!! Quelle belle reprise de Pandore!!!
L
Comment dire? Je ne saurais ajouter de commentaire assez fort pour décrire l'impression que j'ai en te lisant. Drizzit, tes histoires me surprennent toujours. Je croyais avoir saisie vraiment ton style, et finalement, tu arrive toujours a me surprendre, j'en veux toujours plus!
M
Je savais que tu embarquerais dans la famille des blogues et que tu aimerais ça.<br /> <br /> je savais que chaque fois que tu écrirais une histoire elle serait longue et assurément macabre.<br /> <br /> Pourtant, je me fais toujours prendre dans le coeur de l'histoire et j'adore toujours les lires :)
C
Un texte qui nous tient en haleine jusqu’à la chute et qui nous permet d’imaginer une foule de scénarios possibles, du macabre au plus romantique. On voit très bien la scène. <br /> Réflexion sur la confiance mais aussi sur le désir inconscient peut-être du mari que le « secret » soit découvert? On pourrait pérorer longtemps sur le sujet. <br /> Bravo.
Z
J'imaginais la boite vide er son amoureux n'ayant aucun secret pour elle. Une autre idée m'a effleurée : cette boite contenait ma confiance avant que tu l'ouvres... Un peu manipulateur. Non?<br /> <br /> Je pense que la vérité mérite toujours d'être sue parce que c'est à partir d'elle que l'on peut réagir et être intègre. Quelle qu'elle soit.<br /> <br /> Ton texte est très intéressant et se lit d'un trait. Maintenant, j'aimerais bien savoir si tu as vu la version originale (important) du film « L'homme qui voulait savoir ». Sinon, loue-le. Tu aimeras. C'est comment dire... dérangeant. Tu m'en donneras des nouvelles, s'il te plait, si tu le regardes ou si tu l'as vu.<br /> <br /> Ze:D
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