La rentrée des classes
Je regardais ce matin, en ce premier jour d'école, cette cohorte d'étudiants debout le long de la rue, à attendre leur autobus jaune. Certains semblaient contents, mais la plupart affichait un air morose et parfois passablement endormi. Cela m'a rappelé pleins de souvenirs... et contrairement à la plupart, ce sont pour moi de très bons souvenirs. J'étais l'une des rares qui adorait le retour à l'école et qui attendait toujours ce jour avec impatience. Non pas que je n'aimais pas les vacances d'été, mais j'aimais tout autant l'école. Une fois que j'avais bien profité des vacances et quand le temps commence à devenir maussade, je pensais au retour prochain à l'école avec un petit sourire. Lorsque je recevais mes papiers officiels de l'école, avec toutes les informations et la liste de matériel à apporter, je les lisais avidement. Quand on commençait à préparer justement cette liste d'effets scolaires, j'étais toute fière d'aller les magasiner avec mes parents. La première semaine d'école était vraiment magique. Revoir mes amis, découvrir le nouveau trajet d'autobus, connaître mes nouveaux professeurs, savoir qui était dans ma classe... Peu importe ce qu'allait être l'année, c'était le début d'une nouvelle aventure! Pour plusieurs, ce sentiment d'euphorie disparaissait bien vite... si tant qu'il avait déjà existé. Dans mon cas, je continuais d'aimer aller à l'école. Faut dire aussi que j'avais une bonne mémoire, que j'apprenais vite et que j'étais bien douée, ce qui rendait les devoirs, travaux et examens souvent bien faciles. En fait, ce n'était pas tant "l'école" en tant que telle que j'aimais, mais bien le fait d'apprendre! Car pour "l'école", disons que j'ai été longtemps une sorte de souffre-douleur des autres. Pas très sociable, pas très attrayante, nulle en éducation physique, je dois dire que j'avais plusieurs journées et plusieurs cours aussi en horreur, certains m'ont même parfois empêchée de dormir. Certaines situations m'ont laissé un sentiment amer et même maintenant, j'y repense encore parfois avec la même rancune. Mais cela ne m'empêchait pas d'aimer l'école, car j'aimais apprendre. Et je suis toujours aussi assoiffée maintenant de savoir, de parfaire ma culture générale, de découvrir de nouvelles choses. Tant au primaire qu'au secondaire, je mémorisais tout ce que je pouvais, j'étais fière de participer aux Génies en herbes et j'absorbais le plus de matières possibles. En ce sens, j'aimais souvent plus les cours théoriques que les cours pratiques (en sciences particulièrement!!!) et je préférais d'autant plus les travaux à faire seul plutôt qu'en équipe! D'ailleurs, combien d'amis ai-je perdus lorsque je leur répondais que je préférais ne pas faire équipe avec eux et faire mes travaux par moi-même lorsque c'était possible??? Ce n'est pas que je m'entendais pas avec eux, c'est juste que je trouvais ça plus intéressant de travailler et de chercher seule. Au cégep, j'aimais bien mes cours et j'apprenais les rudiments de mon futur métier dans lequel je me suis toujours sentie comme un poisson dans l'eau et pour lequel je n'ai jamais regretté mon choix. Mais même si je continuais à avoir d'excellentes notes et à aimer ce que je faisais, il n'y avait plus la magie des cours généraux du primaire et du secondaire. Au cégep, ce sont des détails techniques, des éléments distincts d'un métier choisi, alors qu'avant, on devait suivre des cours d'un peu de tout et apprendre un peu sur tout. Ça, décidément, ça me manque terriblement. On a beau continué à s'instruire par la suite, on a beau continuer à apprendre sur pleins de trucs, ça ne remplacera jamais l'école. Bref, quand je revois ces autobus jaunes à chaque septembre, je me sens toujours un peu mélancolique. Mais une question m'est toujours restée à l'esprit : est-ce que j'ai tant aimé l'école parce que j'étais bonne ou si j'étais bonne parce que j'aimais l'école?
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